Que serait un village sans son école ? Lieu des joies et des douleurs enfantines, elle tient dans la mémoire de chacun une place privilégiée : " Une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l'extrémité du bourg ; [...] tel est le plan sommaire de cette demeure où s'écoulèrent les jours les plus tourmentés et les plus chers de ma vie ! [...] " (Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes). Elle est là, sobre et élégante, à l'ombre de ses marronniers. Elle est la vieille dame de la République. Jules Ferry lui a confié une mission : instruire et éduquer le peuple. Depuis plus d'un siècle, elle s'y consacre sans relâche.

A travers la magie de ses photographies et le choix des citations prises dans les œuvres d'Alphonse Daudet, Jules Renard, Louis Pergaud, Céline ou Marcel Pagnol, Christophe Lefébure retrace la journée d'un écolier, dans cette école laïque, gratuite et obligatoire née à la fin du siècle dernier de l'idéal républicain. Si la plupart des écoles de campagne sont aujourd'hui fermées, elles ont conservé, grâce aux musées, leurs décors d'origine et leur atmosphère.

De l'encrier de porcelaine au tableau noir, du cahier de composition au livre d'histoire, voilà tout un univers familier et empli de nostalgie qui renaît. On se souvient du matin si particulier de la rentrée ; on se revoit mettant son sac à l'épaule et pressant le pas. La tentation de l'école buissonnière... La haute stature du maître se profile sur les marches du perron... L'écho de la cloche nous parvient encore...

Plus qu'une simple évocation, cette célébration empreinte de poésie fait appel à la mémoire de chacun, mémoire des sens, des sons, des odeurs.